Faire le tri

Faire le tri
Photo by Jr Korpa / Unsplash

Je crois que les plus belles images sont celles qu'on essayera toujours de partager, sans jamais tomber juste. On a des souvenirs où nous sommes très seuls, d'autres où c'était si beau que l'on espère qu'ils puissent aussi s'en souvenir, mais s'en souviennent-ils pareil ?

Ce sont sûrement les mots qu'on ne soupçonne pas qui cachent le plus de sens, sans quoi, les bons moments ne s'arrêteront pas aussi vite, et les plus douloureux ne sembleraient pas éternels.

Les mots sont intrusifs et malhonnêtes. Ils ne viennent jamais seuls. Parler m'a apporté de nouvelles pages à piétiner avec les mêmes mots ; des mots qui ne sont à personne, alors comment s'en débarrasser ? Il n'existe qu'un paysage à qui tu confies tes pensées.

Si les choses se vivent de l'intérieur, j'imagine que la perte, elle, est bien réelle, que ma peur ira tout droit, accuser ce qui déjà menace de chavirer. Les mots baignent dans les images et nous en écoeurent. 

Je crois qu'une fois avoir tout repoussé, avoir jeté tout ce qui pourrait nous le rappeler, on finit par se diviser et à être obligé de choisir entre s'aimer ou se haïr. Qu'est-ce que cela veut dire ? Ces mots qui se chevauchent et assemblent les images pour les rendre si particulières, un non-sens, un trou à l'intérieur de la pensée. Toi seul peux te l'expliquer et tu ne parviens pas à t'en libérer.

Tout le monde aura toujours des mots à t'adresser négligeant tous les autres que tu peines déjà à trier. Il n'y a plus de place. C'est plein et cela malgré tout le temps passé à ranger.

Cette représentation aussi inadmissible, soit-elle, n'a pas eu besoin de toi pour la dire et n'aura pas besoin de toi pour la secourir.

Tu es le spectateur d'un monde suffisamment entier, à qui il ne manque aucun mot. Ton rôle est sûrement des plus cruel, car sujet à cette loi, il ne peut la défaire sans en devenir l'auteur.

Le ciel se dégagera de ce qui l'encombre et il le ferait même s'il s'agissait de toi, car c'est toi qui t'es mis là, alors n’y a-t-il pas quelque chose d'autre à désirer, qui ne soit pas possible de décrire? Quelque chose sur quoi nous ne pouvons agir complètement, mais pour laquelle nous aurions œuvré.

Aimer est peut-être un bon compromis entre accepter les choses comme tels, sans en être condamné.

Je crois qu'il existe en l'autre, un regard capable de rendre le nôtre immortel.