Derrière le manque.
Qui sait ce qui s'y cache ?
L'artiste est bien le seul à avoir pris son manque et à nous l'avoir montré, le rendant aussi vulnérable qu'inatteignable.
« J'ai un courrier à envoyer, il me manque une enveloppe, la lettre est sur le meuble, je la pousse un peu quand elle me dérange, mais elle y est toujours, il faut que je pense à acheter une enveloppe et à vouloir en débarrasser ma table. »
Combler est une négation de l'accomplissement, où rien de tombe jamais dans le vide. C'est l'idée d'une vie sans crainte ni menace.
Ces grandes "To do List, ne sont-ce pas leurs tâches qui les rendent agréables ? Ces chaussures, ont-elles la même valeur si elles sont à moi ?
Le désir est ce contre quoi l'Homme ne cesse de lutter et continuera même de désavouer. On ne pourra comprendre ce que tu refuses d’admettre. Le lien avec l’autre est mis en péril pour ne laisser paraître aucun défaut et aucune marque de désir. En rompant les liens, ou au contraire, en voulant les croire si solides, l’adversité n’est plus possible. Elle, qui pourtant, est la quête d’un but commun.
Il faudra l'accomplissement désir pour qu'un autre se rende compte de ce qu'il n'a pas. Si toutefois l'époque évoluait comme nous le pensions, nous ne désirions pas au moindre manque.
Pour apaiser cette souffrance, il est mieux vu et valorisé aujourd'hui de s'aimer les uns les autres et de favoriser le « vivre-ensemble ». N'y a-t-il pas ici un sacrifice de son propre désir au prix d'une société ? Le gain de son silence, rend-il vraiment plus heureux ?
Ce sacrifice avait quelque chose de féminin, jusqu'à ce que la femme, elle, choisisse de s'abstenir. Son abstinence dérange. En imposant le respect, elle prend de la place, mais occupe le vide. Une place qui aurait pu être la conquête d’un autre, mais que la femme aurait réservée, sans acheter.
La femme est "amoureuse", mais c'est le manque qui la rend amoureuse. Elle l'est si bien qu'on pourrait lui céder, si toutefois, elle en voulait. Elle est amoureuse à la vue du manque, et ne les plus dès lors qu'on ne l'y invite plus.
Le fou, lui, se perd lui-même dans le manque. C'est l'œuvre de sa vie, de nous permettre, à nous, de mieux la comprendre. Le monde semble tourner sans rien laisser au hasard, mais en nous laissant, pourtant, dans le brouillard.
Si la femme se fait maintenant confiance pour porter son manque tout seul, elle nie son incomplétude et enfouit sa jalousie en créant de nouvelles idéologies. L'homme "mauvais" n'étant rien d'autre qu'un homme qu'elle n'aime pas, à qui elle ne souhaite rien donner. Prise au piège avec elle-même, "suis-je assez ?" Se demande-t-elle. Ce constat si terrible, de ne pas suffire, lui donne l'envie d'un manque plus grand, qui saura l'accueillir à sa juste valeur.
En restant insatisfaite, elle questionne l'homme et l'amène à créer.
L'espoir, cet achèvement de la volonté, qui envahit les femmes, enterre l'objet du désir et envoie un homme le creuser.
Tout le monde peut savoir, mais qui autorisera son désir à l'y mener ?