Femme ou entièreté ?

La femme a d’abord été celle qu’un homme possède, celle qui est voulue, puis volée.

Les femmes se disent de « vraies femmes ».
Il est difficile de ne pas céder à se penser ainsi, vrai, toute, englobante. Il est, toutefois, déroutant de penser qu’on puisse, homme ou femme, former un “tout” qui n’inclut pas le sexe opposé.
La femme du point de vue de l'homme n'est pas à disparaître, pourquoi serait-elle enfin "autre chose" si nous pouvions l'examiner sous un autre angle ? 

Ce qui est satirique, c'est celui qui, prenant la femme comme cet objet, l'empêcherait de pouvoir en jouir et en ferait un être condamné dont personne ne voudrait s'approcher.

Les femmes ont-elles déjà, réellement, un jour, pensé ce qu'elles désirent? Elles l'ont lu, entendu, déduit, mais demandent-elles autre chose que savoir comment se faire aimer? 
Ce n'est pas de l'homme et de la femme dont il faudrait se moquer, mais d'une incapacité, de l'un comme de l'autre, d'assumer ce qu'ils prétendent être.

Le courant moderne n'a fait que déplacer la demande que la femme portait, avant, aux hommes, aux femmes. La femme attend maintenant des autres femmes, qu'elles l'accueillent et la qualifient de "quelque chose", pour passer du rang de femme à celui qu'on peut définir et qui existe indépendamment. Sa valeur n'est qu’en suspens, dans l’attente qu’on la réclame.

Aujourd'hui, qu'attendons-nous de la vie? Il est vrai que répondre à son propre besoin est légitime, mais faisons-nous semblant ou tirons-nous en réellement du plaisir ? La femme qui se dit heureuse sans l’homme a dû modifier la société et ne cesse pour s’y insérer, d’y mettre le désordre. Aujourd’hui, quelle femme est capable de concevoir son bonheur au-delà des tendances?

Si la femme passe d'un statut d'objet à celui qu'on peut définir, ne rêve-t-elle pas de cette équation qu'elle égale à celle de l'homme? Devenant alors l'objet qu'on ne pourrait plus jeter, car déterminant de l'identité de l'homme et de sa valeur. Être objet serait un problème non pas par le fait même de l'être, mais parce qu'il induit d'être potentiellement jeté et donc, de ne plus l'être. Comment ne pas perdre son statut, si ce n'est alors, en permettant à l'homme d'accéder au sien?

C'est un statut qui s'accorde en partie entre les deux sexes, mais pas seulement. Il ne faut pas oublier l'enjeu premier, celui d'un accomplissement, qui permet de ne pas se réduire à ce que nous donnons, mais d'avoir plaisir à ce que nous rendons possible.

La femme qui se donne reste encore femme. Nous pouvons utiliser l'image du rapport sexuel pour illustrer la relation qui unit l’homme et la femme. L'inconnu et l'indéfinissable qu'est la femme, prend fin dès lors qu'un homme y prend plaisir. Elle est à cet instant tenue par le plaisir qu'elle offre. Nous devons même au mot "objet " une autre résonance, car l'homme ne possède rien de la femme que ce qu'il a déjà et la femme n'est rien d'autre que l'image d'un monde où tout devient possible, être objet est un champ de possible qui s'ouvre pour elle et se verrouille pour l'homme. 

À l'instant où le désir de l'homme est la femme, il ne peut être autre chose, ce qui ne veut pas pour autant dire, qu’il ne pourra plus rien désirer d’autre, tout comme l'orgasme de l'homme n'est pas le possible de la femme, la femme n'en est pas réduite, elle en est capable. 

Ce qui devient possible pour la femme, c'est de se définir autrement que par sa soustraction, autrement que quelque chose de "moins" qu'un homme.